LES LAMPES ALLONGEES TARDIVES DE LA VALLEE DE L'ORONTE
Seconde moitié du Ve - VIe s. ap. J.-C.
Ce groupe de lampes, qui se distingue par un corps massif, piriforme et d'un large tenon rectangulaire ou circulaire souvent décoré, ou par une sorte de cône légèrement recourbé. Ce type à été massivement produit à Antioche entre le VIe et le VIIe siècle ap. J.C., il s'agirait d'une invention syrienne née d'une inspiration, puisée par les potiers de la région, dans les lampes africaines tardives, dont ils ont librement repris et adapté les principales caractéristiques : la morphologies générale, la présence du canal sur le bec, la forme du disque et le haut bourrelet entourant le disque, l'épaule et le canal du bec. La forme de l'anse ainsi que les motifs décorant le disque, en revanche, constituent autant d'éléments démontrant que ce type de lampes s'insère également dans la continuité des types syriens antérieurs et contemporains. Il a aussi été proposé, sans pour autant minimiser la présence de ces lampes à Antioche, d'envisager une production plutôt concentrée sur la zone d'Emèse (Hama) et des villes proches, après la publication d'un énorme corpus de lampes de cette forme issues de la nécropole de la citée. A Hama, ce type s'encadrerait chronologiquement dans une fourchette comprise entre 450 et 600 ap. J.-C.
Cette forme semble produite et diffusée majoritairement dans une zone bien délimitée, celle de la vallée de l'Oronte, en premier lieu la région comprise entre Emèse et Apamée ainsi que, vraisemblablement de façon moins massive, à Antioche, tandis que leur présence sur d'autres sites de la Syrie côtière, voire de la Vallée de l'Euphrate semble bien plus discrète. Elles sont néanmoins attestées aussi bien dans la zone d'Alep, de Gaziantep et d'Adana (à Misis et surtout sur le site de Dibsi Faraj, ou l'argile des luminaires de ce type correspondrait aux caractéristiques des ateliers d'Antioche) ainsi que, dans la vallée de l'Euphrate, sur les sites de Roumeila et d'Anab as-Safinah. A cela il faut rajouter les cinq lampes découvertes à Chypre et préservées au Musée National.
En ce qui concerne la chronologie de la production des luminaires de ce groupe, les fouilles les plus recentes, celles de la mission belges à Apamée, ont permis de découvrir pas moins de 434 lampes et 98 moules pour cette seule typologie, tous provenant d'un contexte d'abandon parfaitement daté puisque lié aux tremblements de terre qui ont ravagé la ville en 526 et en 528 ap. J.-C. Ce corpus et son contexte, même s'ils n'ont fait l'objet que d'une publication de synthèse, apportent ainsi, enfin, une chronologie précise de la production de ce type, auparavant datée avec largesse entre le milieu du Ve et le VIIe siècle. On peut ainsi estimer que le début de sa production se situe durant la seconde moitié du Ve, que son floruit a lieu durant le premier quart du VIe et que sa persistance ne dépasse probablement pas la fin de ce même siècle.